Dans le chaudron libyen

Fév 11, 2020

Une guerre de 10 ans Une conférence internationale s’est ouverte à Berlin dimanche 19 janvier, pour lancer un processus de paix.

Plusieurs pays importants y ont été représentés, dont la Russie, la Turquie, les Etats-Unis, la Chine, l’Italie et la France.

Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine, s’est rendu sur place. Le président russe Vladimir Poutine aussi. La Libye est en guerre – même si c’est une guerre de basse intensité – depuis 2011 et la chute du dictateur Mouammar Khadafi, précipitée par une attaque occidentale menée par la France et le Royaume-Uni, soutenus par les États-Unis notamment.

Cette histoire de 10 ans commence en janvier 2011 quand dans la suite de ses deux voisins, la Tunisie et l’Égypte, qui ont entamé ce qu’on a appelé le printemps arabe, la Libye commence à gronder et à se rebelle contre le plus vieux dictateur au pouvoir de la région, Mouammar Khadafi.

C’est à Benghazi, en Cyrénaïque, dans l’est du pays, région depuis longtemps rétive au pouvoir central, le 15 février de cette année que l’insurrection commence à s’organiser. Il faut savoir que cette ville et cette région avaient depuis les années 90 envoyé régulièrement des bataillons de djihadistes en Afghanistan et en Irak.

Parallèlement certains villes de l’ouest du pays, comme Zintan, peuplées majoritairement de Berbères, se soulèvent. A El Beïda, en Cyrénaïque, la police se joint aux insurgés le 17 février.

En une semaine, le feu prend dans tout le pays et des tribus importantes comme les Toubous (noirs du Sahara) et les Warfalas rejoignent la révolution. Un conseil national de transition est créé à Benghazi.

A Tripoli même, la capitale, la contestation prend. La Libye est de fait coupée en deux, tout l’est étant aux mains des insurgés, et notamment les champs de gaz et de pétrole.

Le 12 mars, la France est la première à reconnaître le CNT comme seul interlocuteur légitime, mais dans le même temps les forces loyalistes lancent une contre-offensive et reprennent plusieurs villes, se rapprochant dangereusement de Benghazi.

Sous la pression internationale qui craint un massacre est votée la résolution 1973 au conseil de sécurité de l’ONU qui permet à tous les pays qui le souhaitent de participer à une zone d’exclusion aérienne.

Dès le 19 mars, à l’intiitatvie de la France et du Royaume-Uni une coalition internationale est créée qui bombarde les forces loyales à Khadafi.

Mais devant l’échec de ces bombardements sporadiques, le 31 mars c’est l’OTAN elle-même qui prend la direction es opérations, s’appuyant sur une interprétation très large de la résolution 1973 afin de « protéger la population civile contre une situation qui pourrait dégénérer en catastrophe humanitaire ».

Les combats auront lieu dans tout le pays jusqu’à fin octobre, quand Syrte, la ville natale de Khadafi tombe enfin et que celui-ci, capturé alors qu’il essayait de fuir vers le désert, est tué. Le bilan humain de cette première guerre civile est estimé entre 12 et 15 000 morts, tous camps confondus.

D’un point de vue stratégique, outre le massacre potentiel de Benghazi qui aurait été évité, le gain est mince : la Libye, libérée de son dicateur, revient rapidement à ses vieux démons, la rivalité entre tribus. Par ailleurs, l’infiltration de groupes djihadistes déstabilise la société de manière générale et peut être tenue pour responsable en grande partie du coup d’État militaire au Mali voisin en 2012.

De plus, le régime de Khadafi permettait de réguler l’arrivée de migrants vers l’Europe, qui commencent alors à de déverser par centaines de milliers vers l’Italie. Enfin, l’exploitation de pétrole chute vertigineusement.

Sur le plan international, le blanc-seing que se sont octroyé MM. Sarkozy et Camerone pour bombarder à leur aise l’armée loyaliste est dénoncé a posteriori par le président américain Barack Obama.

De plus, les grandes puissance comme la Russie ou la Chine ont le sentiment d’avoir été dupées et nourrissent en retour un ressentiment qui ne tarder pas à s’exprimer, notamment en Syrie avec le soutien russe à Bachar el Assad.
Les années qui suivent sont de fait celles d’une certaine anarchie : le 7 juillet 2012 ont lieu des élections pour créer un Congrès général national, organe législatif qui doit remplacer le CNT. D’abord présidé par el Megharief, présenté comme un « islamiste modéré », il tombe ensuite dans les mains Nouri Bousahmein qui devient chef de l’État en 2013, décide d’appliquer la charia dans le pays et de prolonger son propre mandat.

C’est à ce moment-là, en février 2014, qu’intervient Khalifa Haftar, ancien officier longtemps exilé aux États-Unis, annonçant qu’il dissout le CGN et crée un gouvernement intérimaire pour superviser de nouvelles élections.
Le 11 mars, Ali Zeidan, incapable d’assure son rôle, est déposé. Le général Haftar lance une offensive en mai 2014 sur les zones passées aux mains de groupes armés salafistes à Benghazi tandis que des milices rivales s’affrontent pour le contrôle de l’aéroport de Tripoli.

Deux blocs se forment : la coalition baptisée « Aube de la Libye », dominée par les islamistes et les brigades de Misrata ; et les forces regroupées autour d’Haftar. Baptisée « Opération dignité », cette offensive du général Haftar, que l’on dit soutenu par l’Égypte, durera toute l’année 2014, au cours de laquelle ses forces sont délogées de Tripoli et refoulée de Benghazi par les djihadistes, ville devant laquelle il met le siège, qui durera trois ans.

L’année 2015 sera de même en proie au chaos, avec l’apparition de l’État islamique à Syrte, la Fajr Libya contrôlant, elle, Tripoli. À la fin de l’année est créé sous l’égide l’ONU un Conseil présidentiel, censément sis à Tripoli, à la tête duquel s’installe Fayez el-Sarraj.

Cependant, la Chambre des représentants contrôlée par Haftar refuse de le reconnaître. Sarraj est investi à Tunis, les forces tripolitaines refusant de le laisser entrer et s’installer.

En mars 2016, il parvient enfin à entrer dans la capitale par bateau et finit par être reconnu par une bonne partie des forces et tribus de l’ouest. Durant les deux années suivantes, la guerre de basse intensité continue entre le Gouvernement d’entente nationale de Sarraj et le Parlement d’Haftar.

Dans les faits, et malgré de multiples tentatives d’accord jamais transformées, le pays est aujourd’hui divisé en deux. Dans l’Ouest, le gouvernement d’entente nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj basé à Tripoli, la capitale. Dans l’Est, un gouvernement et un Parlement acquis au maréchal Khalifa Haftar, chef de l’Armée nationale libyenne (ANL), qui contrôle une part importante des ressources énergétiques libyennes. Si Fayez al-Sarraj est reconnu par l’ONU, Khalifa Haftar est soutenu par l’Égypte et l’Arabie saoudite.

Le premier est fragilisé depuis l’offensive sur Tripoli lancée en avril 2019 par les forces du maréchal Haftar. Le leader basé à Tripoli est d’autant plus fragilisé que, fin décembre, le président du Parlement libyen, Aguila Saleh, a appelé la communauté internationale à retirer son soutien au GNA.

Un cessez-le-feu a été accepté, à Moscou, par Fayez al-Sarraj mais le maréchal Haftar a refusé de le signer en quittant la capitale. Une cessation des hostilités est malgré tout entrée en vigueur depuis le 12 janvier 2020 et elle est globalement respectée. En attendant une trêve durable, Tripoli vit cependant encore sous les bombes : depuis le début de l’offensive sur Tripoli, plus de 280 civils et 2 000 combattants ont été tués, selon l’ONU.

Quelque 146 000 Libyens ont dû fuir les combats.

Et le 26 janvier, l’Onu s’est émue de ce que des armes continuent d’entrer en Libye, malgré les assurances hypocrites des uns et des autres : « Cette trêve fragile est aujourd’hui menacée par l’acheminement de combattants étrangers, d’armes, de munitions et de systèmes avancés aux parties par les États membres, dont plusieurs ont participé à la Conférence de Berlin », fait valoir la Manul (Mission d’appui des Nations unies en Libye), sans identifier précisément ces pays.

Selon l’ONU, « des vols de fret et autres » ont atterri au cours des dix derniers jours dans des aéroports de l’ouest et de l’est du pays pour livrer aux deux belligérants « des armes avancées, des véhicules blindés, des conseillers et des combattants ».

Ces « violations en cours » risquent de replonger le pays dans « une nouvelle spirale de combats intenses », s’alarme encore la Manul. Car depuis quelque temps, de nouveaux acteurs étrangers ont fait irruption sur la scène libyenne, jouant sur l’impuissance des occidentaux à maîtriser la situation. « Les choses nous échappent en Libye », s’est ainsi exclamé le 15 janvier à Bruxelles, par le patron de la diplomatie européenne, Josep Borrell.

Ces nouveaux arrivants sont la Turquie et la Russie qui, quoique objectivement alliées sur d’autre théâtres d’opération du monde, en Syrie par exemple, soutiennent ici chacune l’un des deux camps.

La Turquie a pris le parti de soutenir le GNA et Fayez al-Sarraj : le président turc Erdogan et Fayez al-Sarraj ont ainsi signé, en novembre dernier, un protocole « de coopération militaire et sécuritaire », provoquant en retour la colère du maréchal Haftar.

La Turquie a voté, de même, le 2 janvier, l’envoi de militaires en Libye pour aider le GNA. Mais c’est depuis l’été 2019 qu’Ankara a apporté un soutien logistique à Fayez al-Sarraj. Et le président turc d’assurer que sans l’intervention de son pays, le maréchal Haftar aurait pris le contrôle de tout le territoire libyen. « Nous n’hésiterons jamais à infliger au putschiste Haftar la leçon qu’il mérite s’il poursuit ses attaques contre l’administration légitime et contre nos frères en Libye », a prévenu dans des termes martiaux Recep Tayyip Erdogan, le 14 janvier. « Nous n’hésiterons pas à nous entendre avec quiconque pourra nous aider d’une manière ou d’une autre à répondre à cette attaque », a déclaré M. Sarraj à la BBC, le 20 janvier. « Il est vrai que la communauté internationale n’a pas couru au secours du GAN », reconnaît Ghassan Salamé, l’envoyé spécial de l’ONU en Libye depuis juin 2017, qui dit être « déçu et blessé qu’après neuf mois de combats à Tripoli, nous n’ayons toujours pas de résolution du Conseil de sécurité appelant à un cessez-le-feu ».

C’est en jouant là-dessus que la Turquie tente de faire croire à la nécessité de son intervention qui en réalité est motivée par des intérêts pluriels. Cette intervention turque en Libye à un double visage. Officiellement, Ankara a expédié en Libye du matériel militaire, comme des drones et des véhicules blindés et quelques dizaines de « consultants ».

Mais derrière ces « experts militaires » se cachent aussi des miliciens syriens pro-turcs. Le quotidien anglais The Guardian a éventé le 15 janvier l’acheminement vers Tripoli de plus de 2 000 de ces mercenaires syriens – ce qui a été confirmé par l’Observatoire syrien des droits de l’homme.. Selon la chercheuse américaine Elizabeth Tsurkov, spécialiste de l’opposition syrienne, les groupes envoyés sur le terrain libyen seraient issus de Liwa Al-Moutasem, des divisions Sultan Mourad et Al-Hamza, de Liwa Suqour Al-Chamal et Liwa Sultan Suleyman Chah.

Toutes ces brigades sont actives dans le nord-ouest de la Syrie, dans la région d’Idlib, le dernier fief de l’opposition au régime de Damas, que la Turquie porte à bout de bras. À ces hommes on aurait promis un salaire de 2 000 dollars par mois, ainsi que l’obtention de la nationalité turque après six mois d’engagement au combat.

Une manière pour eux de quitter le trou à rats d’Idlib dans l’honneur, et une manière pour Ankara d’intervenir de manière occulte en Libye. Il faut ajouter aux moyens humains déployés par la Turquie une aide au renforcement des défenses antiaériennes de l’aéroport de Tripoli, ainsi que dans la métropole portuaire de Misrata, afin de répondre à la supériorité aérienne du maréchal Haftar, gagnée grâce au soutien des Émirats et de l’Égypte.

Quels sont donc les buts de la Turquie en s’invitant en Libye ? D’abord éviter la chute programmée du gouvernement de Sarraj à Tripoli, en très mauvaise posture ces derniers mois, quasiment assiégé par les troupes d’Haftar.

Mais pourquoi ? Parce que la Turquie a besoin de la signature de ce gouvernement reconnu par la communauté internationale pour pérenniser l’accord qu’elle a arrachée le 27 novembre dernier sur les délimitation des frontières maritimes en Méditerranée. Cet accord permet en effet à Ankara de s’approprier des zones également revendiquées par la Grèce et Chypre.

Ces zones ont récemment gagné en importance quand on y a découvert vastes gisements de gaz en eaux profondes, alors que la Turquie, Chypre, la Grèce, l’Égypte et Israël sont chacun engagés dans des activités d’exploration d’hydrocarbures. Or, si Haftar prenait Tripoli, l’accord disparaîtrait sous la pression de l’Égypte, qui parraine le maréchal, et qui est vent debout contre les prétentions turques en Méditerranée. Dans ce grand jeu des ressources hydrocarbures, il est intéressant de noter que l’inauguration du gazoduc « TurkStream » début janvier, infrastructure qui lie Russie, Turquie et pays des Balkans avait été précédée, quelques jours plus tôt, par la signature du projet concurrent EastMed, fruit d’un partenariat entre la Grèce, Chypre et Israël.

Mais la Turquie est aussi motivée par d’alléchants contrats. En soutenant Sarraj, Erdogan espère en effet récupérer 25 milliards de dollars de contrats, conclus à l’époque du colonel Kadhafi et qui ont été perdus en 2011.

Il ne faut pas oublier qu’avant la chute du dictateur, la Libye était le troisième marché international pour les entreprises turques, qui comptent bien y reprendre pied. Du côté russe, quoiqu’on se défende officiellement de toute intervention, c’est un secret de Polichinelle qu’est mis en ouvre un soutien au maréchal Haftar.

Comme aujourd’hui en Syrie, Russes et Turcs ne vont pas prendre le risque d’un affrontement direct, mais montrent en coulisse leur implication dans des zones désertées par les Occidentaux.

On parle ainsi de 200 mercenaires déployés par le groupe Wagner, une société russe de sécurité privée à l’idéologie plus que douteuse, dont la présence a déjà été rapportée en Centrafrique en Syrie et en Irak.

C’est pourquoi Khalifa Haftar a remercié le chef du Kremlin en ces termes : « Mon cher ami (…), je vous adresse personnellement ma gratitude et ma reconnaissance pour les efforts de la fédération de Russie pour rétablir la paix et la stabilité en Libye ». Officiellement, et comme tout le monde,

Moscou affirme être en faveur d’un processus de paix durable. « Il est important de mettre fin à la confrontation entre l’Armée nationale libyenne du maréchal Haftar et le gouvernement d’union nationale de monsieur Sarraj », délacerait ainsi Vladimir Poutine le 11 janvier.

Important d’instaurer un cessez-le-feu, de prendre des mesures pour un rétablissement du processus politique avec pour objectif ultime de surmonter la division à l’intérieur du pays et de former des institutions étatiques unifiées. »

Mais dans les faits, le soutien à Haftar continue du côté russe. Mais la Turquie et la Russie ne sont pas les seuls pays à être impliqués en Libye. Le maréchal Haftar est également appuyé par l’Égypte, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite. Outre par la Turquie, Fayez al-Sarraj est également soutenu par le Qatar. Et l’Occident ?

Les États-Unis se sont désintéressés depuis bien longtemps de ce conflit, que ce soit sous Obama ou sous Trump. L’Europe est à la remorque de la France qui est la plus impliquée pour des raisons : parce qu’elle a été sous Nicolas Sarkozy l’élément déclencheur de la chute de Khadafi, et parce que ce qui se passe au Sahel, effet direct du chaos libyen, la concerne au premier chef, avec son intervention de stabilisation au Mali.

Emmanuel Macron avait reçu à Paris Fayez al-Sarraj et le maréchal Haftar, à deux semaines d’intervalle, au printemps 2019. Une démarche de conciliation qui se disait neutre.
Mais la France est accusée, à juste titre, de soutenir plus le second que le premier ce qu’est venue corroborer la découverte, en juillet, de quatre missiles antichars français dans un quartier général des troupes du maréchal Haftar.

Les Français, plutôt bienveillants à l’égard des percées de Haftar – dans lequel ils voient un « homme fort » capable de sécuriser le sud libyen frontalier du Sahel – se cachent derrière le veto russe pour ne pas apparaître trop ouvertement pro-Haftar au Conseil de sécurité. En réalité, la France elle-même est divisée : le Quai d’Orsay soutient plutôt Farraj au nom du droit international, quand l’Armée appuie Haftar, comme facteur sécurisant. Dans les faits, le tropisme prononcé de Paris en faveur d’Haftar n’en finit pas de semer le trouble chez ses partenaires européens, qui ne savent pas sur quel pied danser. Les répercussions internationales du chaos libyen sont immenses depuis 20111.

En Afrique particulièrement : s’il y a des causes endogènes aux attaques djihadistes au Sahel, la crise en Libye a créé un vide sécuritaire mais aussi favorisé la circulation de milliers d’armes, munitions et explosifs, contribuant d’une façon décisive à la montée en puissance des groupes djihadistes au Mali, au Niger et au Burkina ces dernières années.

Sur le terrain sahélien, la situation ne cesse de s’aggraver. En 2019, les attaques djihadistes ont fait 4 000 morts au Burkina, au Mali et au Niger, en dépit de l’action de la France et des États-Unis aux côtés des armées nationales.

Le président tchadien Idriss Deby, voisin direct, l’affirme : « La bataille contre le terrorisme au Sahel passe forcément par le règlement de la crise libyenne. Le chaos libyen (…) demeure la principale source de déstabilisation de l’ensemble du Sahel ».

De même, la Tunisie et l’Algérie voisines voient d’un oeil de plus en plus méfiant ce qui se passe en Libye et accusent les capitales occidentales de les laisser en dehors des négociations.

Du côté de l’Union africaine, le comité de haut niveau sur la Libye, présidé par Denis Sassou Nguesso, président du Congo s’est activé ces derniers temps, réclamant que son avis soit pris en compte.

Un émissaire du chef de l’État congolais s’est rendu en Algérie,, afin d’évoquer les moyens de « dynamiser le processus des négociations entre les parties libyennes ». Mais tout cela risque de rester lettre morte si une décision commune n’est pas prise au niveau international.

La fragmentation intrinsèque de la société libyenne, divisée en tribus qui vont généralement au plus offrant, à quoi s’ajoute l’implantation de djihadistes et l’activisme salutiste et Frère musulman, ne présage rien e bon pour l’avenir.

Après dix ans de chaos, il est temps de sonner la fin de la récréation, et que les grandes puissances voient plus loin que leurs intérêts, économiques ou géopolitiques immédiats.

Ni l’Europe, ni la péninsule arabique, ni le Proche-Orient, ni l’Afrique en général, sans même parler des populations locales, n’ont intérêt à ce que ce pays demeure en état de guérilla, ouvert à tous les vents et à toutes les influences. En ce sens, l’Europe serait bien inspirée de parler d’une seule voix et de choisir enfin un camp.

Charles MILLON
Ancien Ministre de la Défense